top of page
Rechercher
  • Photo du rédacteurSepanlog

Environnement : la Sepanso, 50 ans de militantisme vert dans le rétro


La fédération régionale des associations de protection de la nature fêtait son demi-siècle ce week-end. L’occasion de célébrer quelques victoires et de réfléchir à l’avenir.

Le déjeuner est bio, il ne peut en aller autrement. Ils ont la fourchette alerte en ce samedi ensoleillé, les adhérents de la Sepanso. Ils remplissent la salle de la Vacherie, un lieu consacré aux circuits courts agricoles à Blanquefort, en banlieue bordelaise. La Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest célèbre son cinquantième anniversaire.

Il n’y a plus grand monde pour user de ce nom à rallonge. L’acronyme suffit. C’est un label désormais reconnu par les militants de l’environnement, par l’administration, les élus locaux et, plus généralement, la sphère de ceux que l’on nomme « les décideurs ». Il réjouit ou il provoque de sévères plaques d’urticaire, c’est selon.

Sur les cinq départements du territoire de l’ex-Aquitaine, la Sepanso a été de tous les combats depuis un demi-siècle. Cofondateur de l’association et très longtemps président, Pierre Davant se souvient d’une période où la prise de conscience du saccage environnemental ne dépassait pas un cercle étroit de convaincus. C’est la nécessité de protéger une colonie de sternes caugeks (des oiseaux nicheurs) sur le banc d’Arguin, à la sortie du bassin d’Arcachon, qui est au point de départ de l’aventure. « La Sepanso a aussi défendu, avec un certain succès, le maintien d’espaces naturels sur le littoral – c’était l’époque de la Miaca, la Mission interministérielle pour l’aménagement de la côte aquitaine. Elle a dénoncé avec force la pollution du Bassin par les eaux usées, ce qui a précipité la prise en charge du problème. Mais cinquante ans plus tard, on doit toujours se battre pour protéger le banc d’Arguin. La Sepanso reste un empêcheur de tourner en rond », résume cette figure historique du mouvement.

« On est pris au sérieux »

Les temps ont pourtant changé. Depuis l’ère sandalettes/macramé du début de la décennie 1970, l’écologie s’est popularisée et l’inquiétude a gagné de larges pans de la société. Désormais, des jeunes font la grève de l’école pour réclamer un avenir climatique. « Nous, on marchait dans la rue contre l’extension du camp militaire du Larzac. Ces jeunes vont-ils continuer ? Pour le moment, on ne les voit pas dans nos associations. Ils privilégient d’autres modes de mobilisation. On souhaiterait établir des passerelles avec eux », dit Pierre Davant en jetant un œil panoramique sur les chevelures blanches de ses militants.

" Il n’y a pas si longtemps, on nous prenait soit pour des moins que rien, soit pour des écolos hirsutes et irresponsables "

Nullement cantonné à la mouvance environnementale, le renouvellement associatif est l’un des enjeux devant l’équipe du nouveau président, Daniel Delestre. Pour le présent, celui-ci se satisfait de la réputation de la Sepanso. « Nous ne sommes pas des prêcheurs de l’Apocalypse, le public se rend compte qu’on va dans le sens de l’histoire et de l’intérêt général. Nous sommes de plus en plus sollicités par les citoyens, comme si nous étions des médiateurs de dernier recours face à la multiplication des problèmes. C’est une responsabilité qui pèse sur nos épaules mais c’est aussi le signe que nous sommes pris au sérieux », juge-t-il.

François Ruffié, l’avocat de l’association, confirme : « Il n’y a pas si longtemps, on nous prenait soit pour des moins que rien, soit pour des écolos hirsutes et irresponsables. Ce n’est plus le cas. Mais il a fallu gagner devant les tribunaux pour cela », analyse-t-il.

Pas si facile sur le terrain

Seule ou alliée à d’autres mouvements, la Sepanso ne barguigne effectivement pas sur les contentieux. Les dossiers d’aménagement emblématiques en portent la trace, qu’il s’agisse du chantier encalminé de la déviation routière de Beynac, en Dordogne, ou du projet de ligne ferroviaire à grande vitesse (LGV) au sud de Bordeaux, vers Toulouse et vers Dax.

Chacun sur leur territoire, les présidents des cinq associations départementales peuvent attester la vigueur des batailles qui les opposent aux industriels et/ou aux élus. Elles se déroulent de façon plus feutrée dans les nombreuses commissions où siègent des représentants de la Sepanso. « On n’est pas contre tous les projets. Mais on est bien obligés de constater qu’au Coderst (Conseil départemental de l’environnement et des risques sanitaires et technologiques), tout le monde vote comme un seul homme. On n’est pas souvent écoutés », déplore Michel André, le président de la Sepanso Dordogne.

Ses homologues, Michel Rodes dans les Pyrénées-Atlantiques et Georges Cingal dans les Landes, abondent dans le même sens. « On a onze procédures pendantes devant le tribunal. C’est le signe qu’on ne veut pas nous écouter », tranche Michel Rodes.

La conversion des décideurs à la cause environnementale serait-elle un leurre ? « Les discours vont beaucoup plus vite que les actes », répond avec diplomatie Philippe Barbedienne, le directeur de l’association. Pendant ce temps, les indicateurs continuent à se dégrader. En 2000, il y avait 110 000 grandes aloses à l’ascenseur à poissons de Golfech, sur la Garonne. L’an dernier, on en a dénombré 945.

La structure

La Sepanso fédère les associations départementales de Gironde, Landes, Pyrénées-Atlantiques, Dordogne et Lot-et-Garonne (Sepanlog). Elle est affiliée à France Nature Environnement. Reconnue d’utilité publique en 1982, la Sepanso gère trois réserves naturelles nationales en Gironde (le banc d’Arguin, l’étang de Cousseau et les marais de Bruges). En Lot-et-Garonne, la Sepanlog veille aussi sur la réserve naturelle nationale de l’étang de la Mazière et, avec la Fédération de pêche, sur la RNN de la frayère d’alose.


114 vues
bottom of page