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RNN Etang de la Mazière

Analyse de 30 années de données sur les oiseaux nicheurs de la RNN Etang de la Mazière


Depuis 1986, l’équipe de la RNN Etang de la Mazière conduit entre février et juin un inventaire de l’avifaune nicheuse présente sur son site. Ce travail, répliqué chaque année à l’identique suivant la méthode des quadras, a permis le recensement de près de 8 000 couples nicheurs représentant 80 espèces en 30 ans. Une étude de l’évolution de l’avifaune nicheuse entre 1986 et 2016 sur l’espace protégé a été réalisée par Justine Roy, dans le cadre de son stage à la RNN. Cette analyse des données a permis de mettre en évidence la tendance globale: si l’instauration du site protégé s’est accompagnée rapidement d’une forte augmentation du nombre de couples (+ 35% en 5 ans) et l’installation de nouvelles espèces, en lien avec la création de nouveaux milieux favorables et la quiétude du site, une certaine stabilité du nombre de couples s’en est suivie pendant plus de dix années, avec une moyenne de 286 couples/an. A partir de 2008, une baisse significative du nombre total de couples nicheurs est observé, en dépit de la diversification des habitats et des modes de gestion.

Une analyse fine permet de distinguer que cet effondrement des populations nicheuses ne touche que certaines espèces, notamment l’Accenteur mouchet, la Rousserolle effarvatte, le Rouge-gorge familier, le Chardonneret élégant, ou encore le Verdier d’Europe. Les raisons de ce phénomène semblent externes à la RNN Etang de la Mazière puisqu’observées sur certaines populations d’oiseaux à l’échelle de la France et qu’aucun choix de gestion de l’espace naturel n’est susceptible de provoquer un tel impact. Les réflexions sur la détermination des causes de ces effondrements s’orientent davantage sur des modifications de pratiques culturales, le braconnage d’oiseaux granivores, l’augmentation d’obstacles sur les trajets migratoires pour les espèces migratrices transsahariennes comme le Rossignol philomèle ou la Fauvette à tête noire. Si l’année 2016 semble indiquer une reprise forte en terme d’effectifs de couples nicheurs, seules les années à venir pourront le confirmer.

A contrario, certaines espèces voient leur dynamique évoluer très positivement depuis trente ans : arrivée et installation de nouvelles espèces, notamment Ardéidés et Phalacrocoracidés ; expansion d’autres espèces en lien avec la restauration de zones humides (Rallidés, Anatidés). La dynamique de la Cisticole des joncs est un bon exemple de l’installation de nouvelles espèces grâce à la restauration de milieux. Absente de la RNN à sa création, les vagues de froid des hivers 1985 et 1987 ayant probablement repoussé les individus vers l’Espagne et l’Afrique, elle est arrivée sur le site à la fin des années 1990. Cette période coïncide avec la mise en place de friches herbacées et la diversification des milieux prairiaux de la RNN. L’augmentation constante des effectifs constatée reflète un environnement favorable à son installation. Ce constat est particulièrement intéressant sachant que les effectifs de Cisticoles des joncs nicheurs ont chuté de 58% entre 2003 et 2012 dans l’ancienne région Aquitaine. Les résultats de cette étude ont donc permis de conforter le gestionnaire dans ses options de gestion

Faucon crecerelle/L. Joubert

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